J’ouvre les yeux et je ne pense qu’à elle encore et encore comme un cycle répétitif. J’étire mes bras et regarde autour de moi, la pièce est encore sombre mais doucement éclairée par un petit rayon de soleil qui sort de la fenêtre. Ma tête me fait mal si mal que j’ai presque la sensation que des éléphants s'étaient amusés à faire du football avec. Ma main glisse dans mes cheveux et je tente de réfléchir, et de mettre aux clair les choses que j’ai faite hier soir. Je me souviens. J'étais venu voir Lula, pour m'excuser. Mettant ma fierté de côté, je lui avais acheté un bracelet pour la St-Valentin que j'avais oublié de lui offrir. Enfin oublier... pas tellement, vu que c'était elle qui s'était comporté étrangement ces dernières semaines mais elle n'avais pas eu trop l'air fâché en me voyant : un poids de moins à transporter. Sentir enfin la douceur de ses lèvres, l'odeur enivrante de sa peau, ses cheveux longs qui me chatouillaient les épaules quand elle se lovait dans mes bras après que l'on s'était abandonné au désir que nos corps ressentait l'un pour l'autre. Le souffle brûlant et rapide, elle se blottissait tout contre moi, sur mon torse et me racontait toutes sortes d'anecdotes. Je l'écoutais, profitant du moment. D'habitude, j'me serais barré direct si une fille commençait à me raconter sa vie mais avec c'était différent. Tout était toujours différent avec elle. En sa compagnie, je l'écoutais patiemment, commentait parfois mais je restais bien tranquille. Sa voix me reposait, non, plutôt tout son être m'apaisait. Le pouvoir qu'elle avait sur moi commençait à être effrayant, non pas que ça me dérangeait (qu'aurait-elle pu me faire ?), mais je ne sais pas si j'étais fait pour pouvoir rester avec une seule et même personne aussi longtemps que ça. Elle était ma petite-amie, j'avais beaucoup d'affection et de respect pour elle mais en allant voir ailleurs est-ce que je ne l'abimais pas plus qu'autre chose ? Avec elle j'ignorais où mettre les pieds, comment me comporter... j'avais toujours envie d'être parfait pour pouvoir le plaire. Délicatement pour la réveiller, je commençais à faire glisser mes doigts sur sa peau douce, les laissant faire des dessins aléatoires tout en déposant des baisers papillons sur sa chevelure, descendant sur son visage et prenant ensuite en otage ses lèvres. « bonjour ma princesse. »

Je l'observe en silence, il est tellement beau quand il dort, je ne voudrais pas le réveiller. Sa peau douce, ses lèvres, ses cheveux... Je n'ose pas le toucher, il est tellement parfait. Je l'aime, je suis irrévocablement folle amoureuse de lui. Si seulement il savait... s'il savait à quel point il compte pour moi, à quel point je l'aime et à quel point il me blesse quand je sais que, le soir, il est dans les bras d'une autre que moi. Si seulement il savait que j'attends son enfant, peut-être qu'il changerait, mais j'en doute fortement. S'il le savait, il m'abandonnerait, probablement. Il bouge, je crois qu'il commence à se réveiller. Je ferme immédiatement les yeux et fait semblant d'être encore dans les bras de morphée. Je le sens qui s'étire et qui caresse tout doucement ma peau, il dépose de délicats baisers sur ma chevelure dorée avant d'en déposer un sur mes lèvres. Bon Dieu, il me rend folle. Je sens déjà mon coeur qui s'accélère, mes lèvres brûlent et je repense à cette nuit magique où nos corps se sont mêlés dans une danse exquise. Ce simple souvenir me donne des frissons. « Bonjour ma princesse. » J'ouvre tout doucement les paupières et plonge mon regard dans le sien. « Bonjour. » Je n'ose rien dire d'autre. Hier soir, il m'a apporté un charmant cadeau, cadeau de St-Valentin m'a-t-il dit. Il croit que si je suis distante ces derniers temps c'est à cause de ça. Mon pauvre Bone, si seulement tu savais ce qui se trame dans mon ventre. Cependant, son geste m'a fait immensément plaisir, une fois de plus j'ai cédé à ses charmes, même si plus tôt dans la journée il avait dû prendre son pied avec une de ses multiples pétasses. Je les haie, je les haie toutes. Je sais que ce n'est pas leur faute, je sais que c'est lui le coupable, mais je ne peux me résoudre à le détester, lui, l'homme que j'aime du plus profond de moi-même. Je sens mon estomac remuer dans tous les sens. Non, pas là, pas maintenant. Je sens la nausée matinale remonter dans ma gorge. J'essaye de résister, mais c'est plus fort que moi. Foutu bébé. Je sors du lit en vitesse, complètement nue et je me précipite comme une folle vers les toilettes. Je relève mes cheveux, me penche au-dessus de la cuvette et je vomis, encore et encore jusqu'à ce que j'aille mieux. J'essuie ma bouche, je tire la chasse d'eau et je me dirige vers la salle de bain pour me laver les dents. Bien qu'il mérite que je l'embrasse avec du vomie au coin des lèvres, je tiens à être la plus parfaite possible pour lui.

« Bonjour. » Un peu froid son bonjour, mais je ne relève pas. Elle est tellement belle, même décoiffée, pas très réveillée que je ne cesse de l'observer. Je levais mon visage vers elle et lui murmurais. « Qu'est-ce que t'es belle, mon cœur. » T'es belle, c'était le truc que je lui répétais depuis des lustres, depuis qu'ils s'étaient rencontrés. Comme si moi-même j'y croyais pas. Enfin ouais, j'y croyais pas trop, elle était tellement parfaite. Mais si, au risque de paraître répétitif, je lui disais toutes les cinq secondes qu'elle était jolie c'était sûrement parce que j'avais réellement peur des trois mots que les couples se murmuraient. je t'aime, cela semblait si simple comme ça mais pour moi, je ne pouvais pas. j'étais raide dingue d'elle mais la partie de moi qui aimait, les filles, la fête, les histoires d'une nuit m'interdisait de pouvoir lui raconter, comme tous ces écrivains pour leur muse, à quel point j'étais fou d'elle. Je lui nuisait mais elle s'accrochait. Elle était beaucoup plus forte que moi. Autant de l'esprit que dans le caractère. Accepter que votre copain vous trompe à mademoiselle tout le monde devait exiger une certaine fierté (ou de la pure soumission). Quoiqu'il en soit, je lui souris, jouant avec ses mèches blondes tantôt les roulant autour de mes doigts, tantôt les respirant. Sans même que je n'ai le temps de réagir, elle bondit hors du lit (sans me laisser le temps de me rincer l’œil), me laissait tout seul dans le lit, tout secoué et dans l'incompréhension totale. Je me lève rapidement, enfile mon pantalon et prend ma chemise au passage qui servira à couvrir ses frêles épaules. J'entends le bruit de la chasse d'eau et prend la direction de la salle de bain. Je la découvre en train de... se brosser les dents. J'arque un sourcil interrogateur vers elle avant de lui tendre ma chemise (même si ça m'aurait bien plu de la voir se balader dans le plus simple appareil). Je ne comprenais plus très bien. « Ça te prend de souvent ce genre d'impulsions ? » Je ris, sans me douter de l'importance de la scène qui allait suivre.

Je me brossais les dents avec force et vigueur, comme si je voulais enlever toutes traces de ce qui venait de se produire. Apparemment, le destin en avait après moi, je ne voulais rien révéler à Bone et les évènements s'enchaînaient de manière telle que je n'en avais plus le choix. Cela dit, je devrais savoir, de part mes connaissances, que ce sont des réactions normales dû à la grossesse, le destin n'y est pour rien. Grossesse, ce mot résonne dans ma tête et me donne la migraine. Je grimace, je me regarde dans le miroir et ce n'est pas la Lula d'avant que je vois, mais la Lula perdue. Je ne me reconnais pas, mais qui est cette fille au visage si pale ? « Ça te prend souvent ce genre d'impulsions ? » Il rit. Je n'avais même pas remarqué sa présence avant qu'il ne se manifeste. Il est encore plus beau quand il rit, si seulement il savait... je pense qu'il rirait beaucoup moins. Sauf pour se moquer de moi, se moquer de la pauvre imbécile que je suis. Il rirait et me dirait que je suis une belle conne d'avoir cru qu'il allait rester avec moi. Moi je pleurerais et je me maudirais par la même occasion, je me giflerais de ne pas m'être un peu plus protégée lors de ces moments magiques en sa charmante compagnie. Je crache dans le lavabo et me rince la bouche avant de lui répondre, timidement. « Plus ou moins ces derniers temps. » Je garde les yeux rivaient sur le lavabo, je n'ose pas croiser son regard dans le miroir. Je me retourne et attrape la chemise qu'il me tend, je la boutonne et m'approche de lui. Je pose ma main sur sa joue, je la caresse du bout des doigts et je dépose délicatement mes lèvres dans son cou. Je pose mon autre main sur son torse puis je recule. Je prends le temps de l'admirer, comme si je le voyais pour la dernière fois (ce qui est fort probable en vue des circonstances). Bone ne m'a jamais dit je t'aime, jamais. J'aimerais le lui dire, j'ai failli le lui dire des dizaines de fois, mais je me résigne à la dernière seconde. J'ai peur de lui dire, j'ai peur de passer pour une idiote. Après tout, ce n'est pas car je l'aime que mes sentiments sont forcément partagés, pour preuve je ne lui suffis pas. Il me dit que je suis belle, il me répète sans cesse que je suis la plus jolie. C'est peut-être maigre face à ce qu'il me fait endurer, mais ça m'aide à me dire qu'il tient à moi. Je donnerais tout pour lui, je serais prête à tout. Je pleure souvent quand je l'imagine avec d'autres, mais comparé au bonheur qu'il me procure quand nous sommes ensemble, ça vaut le coup.

Je m'étais toujours demandé ce qu'elle aimait chez moi. Moi j'avais mille et une raisons de l'apprécier. Jeune, jolie, souriante, intelligente, elle me rendait meilleur alors que je n'avais que l'entraîner vers les bas fonds. J'espérais qu'elle ne m'en voulait pas trop pour ça, apparemment non, vu les plusieurs soirées qu'on avait passé ensemble à planer. J'aimais bien ces moments simples où nous étions seuls contre le monde, déconnectés de la réalité. Je me sentais toujours con devant elle car c'est elle qui avait un grand pouvoir sur moi. Je souris en repensant à ses souvenirs alors que la demoiselle continuait à se brosser les deux, Dieu seul savait pourquoi. Je n'avais pas le souvenir de m'être plein de son haleine. Quand elle eût fini, elle resta quelques secondes figée devant la glace à travers laquelle je la regardais. Je ne l'avais pas remarqué mais elle semblait malade. Oui il me restait assez de cœur pour m'enquérir de sa santé, après tout c'était normal dans un couple, et j'vous assure que je n'étais pas paranoïaque au point de lui demander cela seulement pour savoir si elle m'avait refiler quelque chose. Elle se rince la bouche. « Plus ou moins ces derniers temps. » Je ne me sentis pas vraiment rassuré. Elle pivote vers moi, elle saisit ma chemise et la boutonne devant mes yeux pour ensuite s'approcher de moi d'une démarche féline. Je l'ai trouvé irrésistible. Elle se colle à moi, instinctivement je pose une main sur sa hanche tandis que ses doigts épousent ma joues et qu'elle embrasse mon cou. Je n'ai pas pu réprimer un frisson de désir à ce moment-là. « Mon cœur, tu me provoques là... » Je me mord la lèvre inférieure, elle se recule et je saute sur elle pour la plaquer contre le mur. C'est elle qui a commencé, je ne peux pas laisser le travail sans le terminer, ce serait du gâchis. Mes lèvres trouvent facilement les siennes tandis que mon autre main s'active à ne pas la laisser dans une position trop inconfortable. A cet instant, je n'avais envie que d'une seule chose. D'elle. Juste elle. Je la voulais tout de suite maintenant. Mon corps brûlait de plaisir pour elle et je connaissais pas l'emplacement du bouton pour faire arrêter tout ceci.

« Mon coeur, tu me provoques là... » Je le vois qui mord sa lèvre inférieure, quand il fait ça, il a le don de réveiller en moi un profond désire de ne faire qu'un avec lui. Oui, je le provoque, je le cherche, au moins nous n'avons plus besoin de parler et le sujet sur mes pulsions vomitives est clos. Je le fixe, un sourire au coin des lèvres, j'ai envie de lui, j'ai envie de lui maintenant. Je glisse mes doigts sur son torse avant de passer mon index sur ses lèvres. « Je ne vois absolument pas de quoi tu veux parler mon ange... » A mon tour, je mords ma lèvre inférieure et je baisse les yeux. Il saute sur moi et me plaque violemment contre le mur, j'aime quand il fait ça, ce côté sauvage qui me plait tant. Je glisse mes doigts dans ses cheveux bruns et je sens ses lèvres capturer les miennes. Le désir monte de plus en plus, des frissons parcours la totalité de mon corps et les battements de mon coeur s'accélèrent. Sa main descend le long de mes hanches pour me mettre dans une position plus confortable. Il se recule, mais je ne lui en laisse pas le temps. Je passe une de mes deux mains derrière sa nuque et j'applique une pression pour que sa bouche se retrouve à nouveau contre la mienne. Me voilà embarquée dans un tourbillon d'émotions, je ne parviens pas à m'arrêter, il me possède. Le mur s'éloigne de moi ou, plutôt, je m'éloigne du mur et en deux temps trois mouvements je me retrouve allongée sur le lit, lui au-dessus de moi. Je reste un instant là, sans bouger, mon regard plongé dans le sien. « Tu es probablement la plus belle chose qui me soit arrivée depuis fort longtemps. » Ces mots sortent de ma bouche automatiquement, je rougis. Je le pense vraiment, bien que ma vie fu paisible, il m'a toujours manqué ce petit quelque chose, ce quelque chose qui s'est retrouvé comblé quand je l'ai rencontré, lui, Bone-Avery Beckett. J'aimerais lui dire à quel point il est important dans ma vie, je voudrais qu'il le comprenne, qu'il sache que je ne veux que lui à mes côtés et aussi pour le restant de mes jours.

Elle m'observe. Je crois qu'elle a deviné ce que j'avais derrière la tête, j'aimais bien aussi cette partie d'elle. Cette partie assez maline et rusée pour me comprendre sans même que je n'ai eu le temps de prononcé un mot. Elle me caresse un instant le torse avant de poser son doigt fin sur mes lèvres. Je lève mes yeux vers le ciel quelques secondes pour les reposer sur elle. Elle me pousse à bout avec sa moue si irrésistible. Je ris, elle sent que je vais craquer, mais fait mine que non. « Je ne vois absolument pas de quoi tu veux parler mon ange... » Je lui souris. Son air innocent lui allait à merveille. « Et là, est-ce que tu vois mieux ? » Je me collais à elle et approchait mon front du sien pour que nos visages ne soient qu'à quelques centimètres seulement, l'un de l'autre. Vu comme ça, c'est vrai que c'était assez bestial la scène que l'on vivait tous les deux mais, bon dieu, que cela me plaisait. Je ne m'étais pas vraiment rendu compte qu'elle était là, si proche et que nos corps serrés l'un contre l'autre ne faisaient qu'un. Elle s'était glissée avec autant de bruit qu'une vipère dans les hautes herbes. Très vite, elle prit les devants et m'embrassa. Mon cœur s'affolait déjà quand je sentis sa main dans mes cheveux et rapidement, pour ne pas perdre le goût de ses lèvres, je la soulevais et la portais jusqu'à la chambre et l'allongea sur le lit. « Tu es probablement la plus belle chose qui me soit arrivée depuis fort longtemps. » Ses mots me pétrifièrent. Elle ne les avait pas dit très fort mais ils m'avaient tout retourné. Ses joues se colorèrent de rouge et pour enlever sa gêne, je l'embrassai encore. Je ne savais pas trop quoi penser de cette déclaration, donc pour une fois j'ai fermé ma gueule et lui ai embrassé le cou, et lui caressait sa cuisse gauche, nue, en remontant sur ses hanches.. C'était une bonne réponse, non ? Tout doucement je me détachais de la belle et prenant sa main dans la mienne, je serrai ses doigts. Ce petit lien me rassurait, protégés contre le reste du monde, nous étions liés et invincibles. Du moins dans nos têtes. Cette réflexion m'arracha l'ombre d'un sourire tandis que je réfléchissais à ce que je pouvais faire pour lui faire plaisir. L'inviter au restaurant ? Pourquoi pas, je verrais avec elle. « Qu'est-ce qui te ferait plaisir pour le p'tit-dèj, ma biche ? » J'esquissais un sourire et me levais du lit.

mais non c'est parfait

Il resta quelques secondes en suspend avant de capturer mes lèvres de nouveau. J'aurais pensé qu'il me répondrait, qu'il me glisserait un moi aussi, même aussi anodin soit-il. L'avais-je blessé ? Avais-je commis une erreur de jugement ? Je n'aurais peut-être pas dû lui dire. Cependant, sa réaction me rassura un peu, il déposa de doux baisers dans mon cou et toutes mes craintes s'envolèrent. Sa main caressait ma cuisse pour remonter centimètre par centimètre le long de ma hanche. Son corps d'apollon se décolla du miens à mon plus grand désespoir. J'aurais souhaité qu'il reste tout près de moi, j'aurais voulu sentir son souffle contre ma peau, encore quelques minutes. Bone attrapa ma main et nos doigts s'entrelacèrent, je ressentis des papillons dans le ventre et ma vue se brouilla sous l'émotion. Je ne saurais dire si c'était l'oeuvre de mes hormones en plein changement ou bien l'effet qu'il avait sur moi, tout simplement. « Qu'est-ce qui te ferait plaisir pour le p'tit-dèj, ma biche ? » Il sourit et se retira du lit, me laissant seule dans des draps qui portaient encore son parfum. Il était véritablement attentionné envers ma petite personne, se souciant de mon bien-être. Toutes ces petites attentions me donnaient du baume au coeur, ce petit coeur qu'il tenait entre ses mains, il n'avait qu'à le lâcher et j'en serais détruite à jamais. Toutefois, j'avais une faim de loup, je n'étais pas contre un petit-déjeuner en amoureux. Amoureux est un bien grand mot, disons un petit-déjeuner en bonne compagnie « Des vienoiseries, pleins de vienoiseries et du jus d'orange aussi. Mais avant toutes choses, une petite douche s'impose et vu que tu es un amour, tu vas me préparer le plus beau petit-déjeuner du monde » A mon tour je sortais du lit et j'allais déposer un petit bisous sur sa joue avant me cloîtrer dans la salle de bain. J'enlevais délicatement sa chemise et me glisser sous l'eau chaude, laissant cette chaleur me vider l'esprit. Je tournais le robinet et cherchais à tâtons une serviette, une fois cette tâche accomplie, je m'enveloppais dedans et, pour la seconde fois ce matin, me regardais dans le miroir. J'avais l'air si perturbée, je détachais la serviette et regardais mon ventre, dire qu'un petit-être se trouvait à l'intérieur. Par chance, mon bidon n'avait pas encore doublé de volume, ce qui veut dire que j'avais encore du temps avant d'en parler à Bone.

Je m'en voulais beaucoup de me laisser aller comme ça devant elle mais mes moments avec elle étaient si parfaits. J'aimais tellement être à ses côtés et partager un petit déjeuner ensemble me semblait une bonne idée. Elle le pensait aussi car elle me demander des tonnes de viennoiseries pendant qu'elle irait prendre une douche. « Est-ce que j'peux venir ? » Je lui fis les yeux d'un chien battu avant de lui sourire et me pencher vers elle pour l'embrasser sur le front comme si elle était une enfant. J'avais vraiment une faim de loup. Elle passa près de moi, me vola un baiser et s'enfuit s'enfermer dans la salle de bain tandis que je fouillais dans une des poches de ma veste pour chercher mon paquet de clopes. Ensuite je m'habillais rapidement et à l'aide d'un briquet trouvé dans la cuisine, j'en allumais une et tirais dessus avant de quitter l'appartement pour aller à la boulangerie. L'air était frais mais et il faisait froid comme un matin de février, c'est pourquoi je n'étais pas très sûr de m'éterniser longtemps loin de l'appartement pour me mettre un peu les idées au clair. Heureusement pour mes doigts gelés et moi, les viennoiseries dans un sachet, je revins au plus vite chez Lula. N'entendant pas l'eau couler, je piquais un pain au chocolat qui était dans le sachet et croquais une fois dedans avant de me diriger vers la salle de bain. La demoiselle s'y trouvait bien, et bizarrement elle ne se séchait pas les cheveux ou quoi, mais elle avait posé ses deux mains sur son ventre et le fixait bizarrement. Décidément, elle avait bien un comportement étrange qui ne lui ressemblait pas, aujourd'hui. « Tout va bien ? Tu es très pâle mon cœur et... » Je me tus. Sa position m'intriguait et je me demandais vraiment ce qui se passait. J'avais l'impression qu'elle me cachait quelque chose et cette impression était très désagréable.
désolée du retard, poulette

Je posais délicatement mes deux mains sur mon ventre, pouvait-il me sentir ? Pouvait-il sentir tout mon désespoir ? Etait-ce une fille ou un garçon ? Je savais qu'il était encore trop tôt pour le dire, toutefois c'était une des mille questions qui me trottaient dans la tête et m'encombraient celle-ci. Au fond de moi, je savais que je devais en parler à Bone, mais la question était quand ? Il était beaucoup trop tôt, ou bien beaucoup trop tard, j'étais enceinte de bientôt un mois et je devais aller faire ma première échographie de contrôle. « Tout va bien ? Tu es très pâle mon coeur et... » Je sursautais et m'enveloppais immédiatement dans ma serviette, comme si j'avais été prise en flagrant délit. Mon plus gros problème était que j'étais trop émotive et que, malgré tous mes efforts, on pouvait lire en moi comme dans un livre ouvert. Il venait de me prendre au dépourvu, je me retournais alors pour lui faire face. « Tu m'as fait peur. » J'esquissais un sourire, mais même ce sourire sonnait faux, tellement faux que Bone resta plantait là, attendant une réponse à sa précédente remarque. J'étais prise au piège, prise dans les filets de la dissimulation. Je devais trouver quelque chose ou bien tout bonnement lui dire la vérité au risque de le perdre. Là était le véritable problème, j'avais trop peur de le perdre et je ne pouvais me résoudre à vivre sans lui. Je ne sais pas pourquoi ni même comment, mais cet homme m'avait envoûté. Dès le premier regard il m'avait plu, dès le premier baiser il avait donné un coup de fouet à mon coeur. Quand nos corps se touchait, chaque parcelle de ma peau était en feu sous le contact de ses doigts. « Je... je dois avoir une espèce de gastro ou un truc dans le genre. Ne t'inquiètes pas mon coeur, je vais bien. » Je ne supportais pas de lui mentir, mais avais-je vraiment le choix ? Ma voix tremblait et mon regard brillait sous le poids des larmes que je m'efforçais de retenir. Je le contournais et sortis de la salle de bain pour retourner dans la chambre où j'enfilais un jean et un pull blanc.

Pas de soucis mon bichon

Elle sursaute pour ensuite me sourire et je ne peux m'empêcher de le lui rendre à mon tour, restant planté là. Malgré ses airs de fille froide et hautaine, je savais ce qu'elle était au fond. J'arrivais toujours à la surprendre, à lire en elle, je ne sais pas si elle aimait réellement ça mais je ne pouvais pas dire qu'elle ne me faisait pas le même effet. Elle savait beaucoup de choses de moi et vice-versa, elle me disait souvent tout mais là, je sentais que quelque chose ne tournait pas rond. Cependant, je mettais cela sur le compte du matin, ou d'une certaine fatigue sans chercher à en savoir plus. « Je... je dois avoir une espèce de gastro ou un truc dans le genre. Ne t'inquiètes pas mon cœur, je vais bien. » Sa voix faiblissait, s'accrochant à certains mots, et je fronçai les sourcils en lui jetant un regard inquiet. M'approchant d'elle, je passai une main derrière son dos et posai ma main dans son cou pour humer son parfum et respirer son odeur. Elle me repoussa et je trouvais cela étrange mais ne dit rien. Je restai bloqué un petit moment avant d'aller dans la cuisine. Je sortis un verre, une bouteille de jus de fruit et en versais un peu pour la demoiselle. « Mon coeur, le petit déjeuner est prêt ! » Je m'interrogeais de plus en plus en ce moment. Mine de rien j'avais beaucoup changé en sa compagnie et elle aussi commençait à perdre ses habitudes et si vraiment elle chamboulait sa vie, je partais aussi. C'était ma bouée, ma seule chance de salut. J'avais vraiment besoin d'elle. J'avais vraiment TROP besoin d'elle. Je levais la tête apercevant sa silhouette, vêtue d'un simple jean et d'un haut blanc, et même les plus simples chiffons sur elle étaient des robes dignes des plus grands couturiers... c'est pour vous dire.