Mason se projeta dans son petit canapé situé au centre de son petit studio d'étudiant, dans un quartier de Boston que l'on ne pouvait malheureusement pas qualifier de petit. Il se passa les deux mains sur le visage et soupira. Pourquoi venait-il de s'énerver à l'instant ? Simplement parce que ses pensées étaient beaucoup trop préoccupées par autre chose que son jeu vidéo à la limite du barbant. Par quelqu'un d'autre. Par Marisol. Cette jeune femme au regard de braise et aux cheveux tombants comme ceux d'un ange dans son dos. Possédant également un sourire à faire tomber tout ceux qu'elle croise à la renverse. Pouvant même les achever sur le coup.
C'est sûrement ce qui était arrivé à Mason la première fois qu'il avait eu la chance de l'apercevoir. Lorsqu'elle était venue pour les cours que ce dernier proposait. Il avait passé la plus belle heure de toute sa courte vie. Il avait pu entendre le doux son de sa voix et même la voir rire alors que sa maladresse, imposante et redoutable, tentait brusquement de se mettre entre eux. Mais les choses avaient évoluées et ils s'étaient retrouvés dans le même lit. Une nuit qu'il n'oublierait jamais. Mais que Marisol cherchait à faire disparaître.
Et oui, avoir des sentiments pour le gentil et malhabile Mason n'était pas très recommandé. Néanmoins, il aurait du s'en douter. On pouvait dire que ces deux jeunes gens étaient des opposés flagrants : Marisol, une jeune femme adulée de tous et entourée d'amis nombreux ; et Mason, le geek de service dès qu'il ne se trouvait plus en cours, dont les quelques amis le poussaient encore plus à se donner à son passe temps.
C'est donc sur une note des plus négatives que Mason a tenté de ne plus penser à Marisol, sans succès. Il ne pouvait s'empêcher de penser à elle, de se demander ce qu'elle pouvait bien être en train de faire, avec qui elle était en train de rire ou même seulement sourire. Il ne pouvait se retenir de l'aimer.
Toutefois, il n'avait même pas encore eu l'audace d'aller la voir. Peut-être car il avait trop peur de souffrir un peu plus encore, d'essuyer un nouveau refus. Ce qu'il pouvait être idiot. Complètement. Il savait qu'elle tenait un tant soit peu à lui, elle ne pouvait le nier.
Il se releva brusquement, décidé. Il devait sauter sur cet élan pour ne pas reculer comme un trouillard dans cinq secondes. Il s'avança vers sa porte d'entrée, attrapa la première veste qui lui vint ainsi que ses clés. Il sortit de son appartement, activa rapidement le loquet et descendit les nombreux escaliers jusqu'au rez-de-chaussée où il s'avança vers son vélo. Il déverrouilla son antivol et le sortit comme il le put dans la ruelle. Et oui, il n'avait pas les moyens de s'acheter une voiture.
Il débuta son trajet, passant dans plusieurs rues à une vitesse plus ou moins rapide, manquant de tomber plusieurs fois au sol de manière risible. Puis il arriva enfin vers le Central Village où il chercha prestement l'adresse de la jeune femme. Il devenait de plus en plus impatient de l'apercevoir. De revoir enfin son visage ravissant et de pouvoir lui prouver son amour par un bais... Il devait cesser de rêver sur le champ.
La frousse le faisait trembler de toute part mais il tentait très mal de la masquer. Il se posta devant le petit immeuble et rentra son petit attirail dans l'entrée de l'endroit. Il entreprit de grimper les quelques étages qui les séparaient d'elle à une vitesse incroyable pour son corps peu athlétique et approcha enfin son but.
Il marcha d'un pas flageolant jusqu'à la porte de bois et hésita. Devait-il réellement le faire ? Comment allait-elle réagir alors qu'elle pensait sûrement avoir été claire avec lui ?
Après tout, il s'en fichait. Il ne pouvait se passer d'elle, était-ce sa faute ? D'une main chancelante, il tira sur la sonnette qui lui resta subitement dans la main. Il écarquilla ses grands yeux noirs et avala difficilement sa salive. « M*rde, c'est pas vrai » Il tentait désespérément de se débarrasser de l'objet dans un geste frénétique.